Qu’est-ce qui est sacré et qu’est-ce qui ne l’est pas ? La toile exposée dans un musée, derrière un ruban et protégée par une vitre l’est-elle ? Le vase rituel, richement décoré, qui permet à la tribu d’honorer ses dieux mais qui sera détruit après la cérémonie, l’est-il ? Et que dire de la danse autour des flammes ?
L’art est une partie intégrante de la vie humaine, sous une forme ou une autre, depuis des temps lointains. La valeur qu’on donne à un objet d’art fluctue pourtant, et les critères ne semblent pas toujours tout à fait rationnels. Pour nos ancêtres, comme d’ailleurs pour beaucoup de peuples qui ne s’inscrivent pas dans une civilisation telle qu’on la définit de nos jours, la création artistique était (ou est) souvent inscrite dans une perspective sinon religieuse, au moins fortement spirituelle. Après tout, en créant quelque chose, ne reproduit-on pas d’une certaine façon la Création originale, celle du monde et de la vie ? Aujourd’hui, ce genre de pratiques semble à première vue avoir disparu ou n’être plus qu’anecdotique. Pourtant, a bien y regarder, la place du rituel dans l’art n’est pas une chose qui s’est perdue, loin de là, et avec lui, toute une dimension à la frontière du mystique.
C’est dans cette perspective qu’on interrogera des artistes, constitués en collectifs ou travaillant seuls, qui envisagent la création artistique avec cet aspect rituel et surtout sacré qui revient aux origines de l’art. Le point de vue d’archéologues et/ou d’anthropologues, spécialisés dans l’art et ses répercussions sociales, pourra également être intéressant à aborder, ainsi qu’à l’occasion des perspectives de commissaires d’exposition ou de collectionneurs.