Joy Séror & Béatrice Dedieu
Le terme : « mascarade » associé originellement à un défilé costumé, désignant par extension un comportement ironique ou démesuré, prend une dimension particulière sous la plume de J. Riviere en 1929 ; il dévoile le concept de féminité comme masque, pouvant être ôté et endossé à souhait. Masque de Méduse ou bouclier de Persée ? Par-delà les genres, nos identités restent toutes aussi mouvantes, « meurtrières », et créatrices. D’une œuvre à une autre, d’une scène à une autre, d’un médium à un autre, les personnages prennent forme et se transforment. En d’autres termes, la notion de persona renferme également cette ambivalence liée au masque, que l’acteur endosse ou ôte le temps d’une représentation, garant d’une certaine suspension de l’incrédulité. Ce ballet d’identités, de parures et de masques n’est-il pas aussi le lot de nos interactions quotidiennes, comme le soulevait J. Rivière, et comme le théorise, sous un prisme sociologique, E. Goffman ? « Mises en scène de la vie quotidienne » ; quellesformes, quels modes d’expression, quelles mises en scène, traduisent ces identités fluctuantes?
Cet axe propose d’interroger ces jeux d’identités dans une sorte de traversée, entre différents médiums artistiques (cinéma, théâtre, photographie…), en donnant voix à un panorama large d’artistes, de représentants des mondes de l’art, mais également de chercheurs et théoriciens en arts et sciences des arts. Il s’agira avant tout de questionner ces thèmes selon un double mouvement : pratiques artistiques et mises en scène des différentes identités, mais également fictions de soi et rapport de l’artiste à sa création. L’enjeu sera alors d’explorer ces pistes et de voyager à travers différentes sphères, à travers différentes scènes, en tentant de lever le voile, le masque, sur ces « mises en scènes et fictions du moi ».